Infections urinaires post-accouchement : le Réseau Mater en défaut
Le "Réseau MATER" (groupement français des maternités au sein d'un réseau) a fait la preuve de son utilité dans la surveillance et le contrôle des infections nosocomiales (endométrites après accouchement par voie basses, infections du site opératoire après césariennes, infections urinaires après césarienne). Depuis sa mise en œuvre, la tendance est à leur diminution, ce qui témoigne de sa contribution. De manière plus spécifique, ce réseau se révèle efficace dans le contrôle des endométrites après accouchements par voie basse, ce qui n’est pas le cas des infections urinaires.
L’objectif de l’étude de L. Ayzac et coll. a été de déterminer si la différence entre le contrôle des endométrites et celui des infections urinaires peut s’expliquer par un modèle de régression inadapté ? Ou bien relève-t-elle d’une politique de soins inadéquate en matière de prévention de ces infections ?
Cette étude a ainsi comporté : (1) l’analyse des données historiques du réseau en question ; (2) la
description des recommandations françaises pour les soins délivrés dans les maternités et les
évaluations disponibles pour ce qui est de la prévention des endométrites et des infections urinaires.
Le risque d'infections et les facteurs de risque ont été évalués, sur la période 1999-2013, au moyen
d’analyses univariées et multivariées qui ont permis de calculer les odds-ratios (OR) correspondant.
Il en ressort que la fréquence des endométrites diminue, sans évolution significative de ses facteurs
de risque, alors que celle des infections urinaires reste stable, ces dernières étant associées à certains
facteurs de risque qui tendent à être plus fréquents, qu’il s’agisse du cathétérisme urinaire
intermittent ou encore de l’anesthésie péridurale.
Dans les recommandations françaises, toutes les mesures visant à prévenir les endométrites sont
clairement diffusées par tous les opérateurs de terrain et des audits répétés ont renforcé le contrôle
de leur application. En revanche, les mesures visant à prévenir les infections urinaires ne semblent
être diffusées que par le cercle des centres de prévention des infections, sans intervention des
sociétés savantes d’obstétrique et sans communication émanant du ministère de la Santé.
La prévention des infections urinaires nécessite une politique plus claire de la part des professions
impliquées et des pouvoirs publics. Elle doit insister sur la mise en place de soins spécifiques plus
efficaces, en ciblant plus particulièrement les maternités qui sont au cœur du réseau.
Dr Philippe Tellier
Ayzac L et coll. The "RESEAU MATER" : An efficient infection control for endometritis, but not for urinary tract infection after vaginal delivery. J Infect Public Health 2016 http://dx.doi.org/10.1016/j.jiph.2016.08.002.
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